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Sauvés des enchères, un minutier et un registre paroissial rendus aux archives du Var

A peine nommée comme directrice des archives du Var, Agnès Goudail a dû gérer deux procédures de revendication d'archives publiques. La première concernait une vente aux enchères organisée à l'automne dernier par un commissaire-priseur de Nancy. Un lot a attiré l'attention des archivistes, décrit comme un épais cahier des environs de Toulon. Il s'agissait en fait d'un registre paroissial du XVIIIe siècle de la Seyne-sur-Mer, issu de la collection du greffe. "Un document qui a incontestablement sa place dans les collections publiques, nous avons demandé des photos et après examen, nous avons exigé la restitution immédiate", raconte la directrice. La restitution s'est faite sans difficulté directement par le commissaire priseur.

Mais une autre affaire a tout de suite pris le relais. Cette fois-ci, c'est un lecteur qui a été étonné du contenu d'une annonce publiée sur Ebay et l'a signalée aux archivistes. Le texte plutôt évasif évoquait "un gros registre du XVIIe siècle à identifier" et mis à prix pour une centaine d'euros. Il s'agissait en fait du minutier de Me Caron, notaire au Luc au début du XVIIème siècle couvrant la période 1618-1622 et comportant un répertoire alphabétique des actes. "Nous avons contacté le vendeur, un antiquaire de Nice et nous lui avons demandé de retirer cet objet de la vente, puis nous avons revendiqué ce registre", poursuit la directrice.

L'antiquaire se faisant un peu tirer l'oreille, a demandé aux archivistes de prouver leurs dires. Mais cela n'a pas été bien difficile, le registre ayant exactement la même reliure que ceux en possession des archives du Var et ses dates complétant à la perfection le fonds existant... A l'issue d'une négociation ferme, mais amiable, le registre a été restitué sans contrepartie comme le dit la loi, malgré le "manque à gagner" invoqué par le professionnel. Pour Agnès Goudail, "les services d'archives préfèrent toujours régler cela à l'amiable, tout en sachant que si cela tourne au vinaigre, il reste toujours la possibilité de porter plainte devant le procureur de la République"...

Dans les deux cas, difficile de savoir quand et comment ces deux documents d'archives ont quitté les collections publiques (ou bien n'y sont pas entrés). A l'occasion des successions et vidages de greniers, il arrive que des archives réapparaissent après parfois des décennies ou un siècle. Il s'agit le plus souvent de registres d'état civil conservés à la maison par un officier d'état civil négligent ou bien de mélange de bonne foi entre la grosse et la minute, entre la copie et l'original. A chaque fois, les documents sont repérés par des archivistes ou bien directement par des lecteurs. "Leur vigilance est essentielle", souligne la directrice des archives du Var.

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