La Résistance en bande dessinée

Du Vercors au Pays basque, l’historien Jean-Yves Le Naour signe deux histoires de la Résistance racontées sous forme de bande dessinée, dans la collection sur Les compagnons de la Libération.

Ces albums démontrent notamment que, si la lutte contre l’occupant a pu prendre des formes multiples, ses acteurs partagèrent tous une abnégation et un courage hors norme. La parution de ces deux titres en 2023 ne doit rien au hasard : la date a été soigneusement choisie pour commémorer le 80^e anniversaire de 1943, année qui marque la fin de l’hégémonie allemande, selon les spécialistes de la Seconde Guerre mondiale. Le texte de Le Naour est remarquablement servi par les dessins de Claude Plumail pour le premier titre et d’Iñaki Holgado pour le second. 

Ces deux BD sont des petits monuments, hommages à ceux qui ont le courage de se battre pour ne pas vivre à genoux. Car c’est de nos pères, de nos grands-pères, de nombreux hommes et aussi de femmes de nos généalogies, dont il est question ici.

Les compagnons de la Libération : Vassieux-en-Vercors

Le Vercors fut l’un des premiers maquis de France, constitué dès 1942 sur un haut plateau qui donne l’impression d’une forteresse naturelle. À l’époque, les Allemands tenaient la vallée, mais ne maîtrisaient pas les hauteurs. Gonflé par la loi sur le STO qui fait fuir des centaines de jeunes dans la montagne, le Vercors est aussi un lieu de sacrifice, la fierté du soulèvement contre l’occupant nazi mais aussi la tragédie d’une répression sanglante. En 1943, les Alliés avaient travaillé sur un plan appelé « Montagnard » où le Vercors devait se soulever au moment du débarquement de Provence (qui aura lieu le 15 août 1944). Sa mission aurait été de couper la vallée du Rhône, de paralyser les arrières de l’ennemi. Mais dès juin 1944, le Vercors s’érige en territoire libéré. Deux mois trop tôt.

Le réseau Comète. La ligne d’évasion des pilotes alliés

Le rôle du réseau Comète, au Pays basque, est moins connu du grand public, peut-être parce que c’est un réseau de l’ombre, sans coups d’éclat, qui ne porte pas d’armes, mais dont le travail est essentiel : sauver les aviateurs alliés abattus en Belgique et les faire passer en Espagne. La mémoire des maquisards a toujours été plus forte que celle des réseaux d’évasion, et pourtant c’est le même courage et le même combat. Cet album raconte l’histoire d’une comète qui traversait la France en déchirant la nuit de l’Occupation, l’histoire d’hommes et de femmes rebelles dont la liberté guidait les pas, un « ordre de la nuit » sans lequel rien n’aurait été possible.