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Le congrès à l'heure des comptes et des questions

C'est l'heure des comptes. L'édition 2011 du congrès de généalogie a fermé ses portes avec moins de 300 congressistes, autant d'exposants et 1.058 visiteurs... Et sans doute une belle ardoise pour l'Union des cercles généalogiques d'entreprises, qui a organisé cet évènement sous l'égide de la Fédération française de généalogie et qui visait 3.000 entrées.

Le courage et la détermination de Mireille Pailleux et d'Henri Dropsy, à l’initiative de ce projet, n'auront pas suffi pour mobiliser les foules. Le programme, aussi alléchant soit-il, n'aura pas incité les gens du Nord et les généalogistes de France à venir à Lille Grand Palais en ce week-end de l'Ascension.Pourtant cette 21e édition était pleine de promesses, avec un thème original (sans doute trop) sur "nos ancêtres et le travail", une brochette d'experts pour les conférences et ateliers, un plateau d'exposants inégalé, une région à l'activité généalogique intense, des tarifs à la baisse... L'organisation a même bénéficié d'une forte implication des archivistes, notamment du Nord, des Archives nationales du monde du travail, de la SNCF et du Service historique de la Défense, pour les expositions, visites, conférences, ateliers et, pour la première fois, une présence sur place, remarquée et appréciée. Même si les congressistes ont globalement été satisfaits des prestations, même si les exposants ont eu le temps de discuter avec leurs interlocuteurs (souvent leurs voisins de salon), l'évènement s'achève avec un certain sentiment de gâchis... et beaucoup de questions.

Au rang des raisons pointées par les participants et les internautes, la faiblesse de la promotion est en bonne place. Où le généalogiste aurait-il eu écho de ce congrès ? Bien sûr dans la presse spécialisée et via les sites Internet de référence. Mais est-ce suffisant ? La presse locale a joué le jeu en consacrant une double page à la généalogie dans Nord éclair et La Voix du Nord. Mais le dossier de ce dernier est paru uniquement le dernier jour de l'évènement ; difficile dans ce cas-là de mobiliser les foules ! Si le journal municipal ignore cette manifestation, le numéro de juin du magazine du conseil général consacre bel et bien un article à la généalogie (repéré par Alexis Amand)... sans aucune référence au congrès. Ne parlons pas de la presse nationale, de la radio et de la télévision ! Ajoutez à cela un affichage discret (notamment dans les centres d'archives et à l'office du tourisme), voire inexistant, et vous obtenez logiquement ce triste résultat. Il sera toujours temps d'en attribuer les responsabilités, mais des problèmes de communication dans l'équipe d'organisation et des moyens financiers insuffisants sont déjà évoqués.

Au-delà de cet accroc, c'est le concept même de congrès, associé à un salon de généalogie, qui est interrogé. Il ne suffit pas que les généalogistes soient informés de l'évènement, encore faut il qu'ils aient envie d'y venir.Quel est réellement l'objectif des congrès pour la Fédération française de généalogie ? Quel est le public visé ? Ne serait-il pas plus intéressant de dissocier le colloque (doté d'une infrastructure plus légère et de quelques stands) du salon grand public (avec un tarif d'entrée très réduit voire gratuit), tel qu'il a pu être organisé avec succès en septembre dernier aux Archives nationales ? A l'heure où les généalogistes accèdent plus facilement aux données et aux connaissances, notamment grâce à Internet, est-il toujours pertinent de créer un évènement national pour les chercheurs (qui leur exigent de financer déplacement et hébergement, en plus du droit d'entrée) ? La recherche généalogique se limitant à un ou quelques départements, ne faut-il pas privilégier et muscler les forums locaux et régionaux (qui constatent eux aussi une baisse de leur fréquentation) ?

Et si le congrès devait se maintenir ainsi, le pont de l'Ascension est-il le bon moment, alors que nombre de Français en profitent pour s'évader ou organiser des repas familiaux ? Les chercheurs ont-il vraiment la tête à la généalogie en mai ou juin (l'automne ou l'hiver ne sont-elle pas des saisons plus favorables à ce loisir) ? Pourquoi pas uniquement deux jours (au lieu de trois) pour réduire les coûts ? 8 euros (16 euros pour un couple) n'est-il un tarif d'entrée rédhibitoire ? Sans répondre précisément à ces questions, les organisateurs de l'édition 2013 souhaitent "marquer une rupture avec les précédentes manifestations".

De son côté, la Fédération française de généalogie, à la lumière de ce congrès et des précédentes éditions, au résultat déjà mitigé, arrivera-t-elle à adapter son traditionnel cahier des charges (où se chevauchent soirée culturelle, soirée de gala, conférences, etc.) pour rassembler les généalogistes (dans leur diversité) et donner une vision vivante de ce loisir en plein essor ? Outre-Manche et outre-Atlantique, les Anglais et Américains ont réussi à créer une manifestation ouverte et plus vivante, privilégiant des ateliers de travail au cœur du salon (au détriment des conférences) et un pool d'ordinateurs en accès libre, le tout financé grâce à un partenariat entre les associations et les professionnels. Sans aller jusqu'au mimétisme, cet exemple est une invitation à évoluer ou à inventer un nouvel évènement généalogique. Et, vu le défi, toutes les idées seront bonnes à prendre d'ici 2013 !

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