"Parisiennes, citoyennes !", engagées pour l’émancipation des femmes (1789-2000)

Dédié à l’histoire de la capitale, le musée Carnavalet consacre sa nouvelle exposition aux Parisiennes, citoyennes et engagées pour l’émancipation des femmes dans la société.

La forme exclamative du titre "Parisiennes, citoyennes !" symbolise à dessein les batailles qu’il leur a fallu mener pour obtenir peu à peu les mêmes droits que les hommes.

Paris fut au centre de la lutte : de la Révolution aux années 2000, les Parisiennes – célèbres ou anonymes – ont été actrices des grands mouvements de révolte qui ont agité la capitale et l’ensemble du pays.

L’exposition leur rend ici hommage en présentant leurs actions, collectives et individuelles, d’hier à nos jours : à côté des figures emblématiques d’Olympe de Gouges, Louise Michel, Marie Curie ou Simone Veil, elle en fait (re)découvrir d’autres souvent moins connues du grand public telles Madeleine Pelletier, figure du féminisme radical prônant l’effacement du genre, ou Hubertine Auclert, première suffragette française.

L’exposition revient à la fois sur les faits les plus marquants de l’histoire de l’émancipation des femmes et sur la diversité des formes prises par leur lutte. Elles se sont battues pour l’éducation – essentielle à l’avancement de leur cause –, le travail, la citoyenneté, l’égalité dans la famille et la liberté de disposer de leur corps.

L’exposition revient sur leurs combats à travers un parcours chronologique et une diversité de  documents : peintures, gravures, affiches, manuscrits… Certains sont surprenants, tel un permis de travestissement reproduit en photographie sur un cartel et délivré en 1857 à la peintre Rosa Bonheur à qui une exposition est actuellement consacrée au musée d’Orsay.

Unies dans leur combat et ayant en commun de vivre dans la capitale, les Parisiennes étaient en réalité très différentes les unes des autres : nées à Paris, en province ou à l’étranger, bourgeoises ou ouvrières, instruites ou analphabètes, nombre d’entre elles ont milité, ensemble ou séparément, mais en faveur de toutes.

Au-delà même du cas des Parisiennes, le musée Carnavalet nous offre ici une magnifique occasion de comprendre ce que fut vraiment la vie de nos ancêtres féminines, longtemps consignées à une place sociale et familiale inférieure.

Le catalogue très documenté permet heureusement de compléter la visite qui ne se fait pas toujours hélas dans les meilleures conditions : malgré la réservation conseillée d’un créneau de visite, la configuration des lieux et le (trop) grand nombre de visiteurs présents en même temps ne permettent pas de profiter pleinement de la richesse de l’information présentée. Pour ceux qui en auront la possibilité, une deuxième visite ne sera sûrement pas inutile.

C’est quoi qu’il en soit un bel hommage rendu à ces combattantes de l’égalité dont Olympe de Gouges avait si bien cerné l’évidence au temps de la Révolution : si la femme pouvait monter sur l’échafaud comme les hommes, elle devait pouvoir jouir des mêmes droits, règle d’égalité élémentaire… pourtant pas encore totalement acquise !