Droguiste-colporteur
Une petite communauté de la montagne de Lure (actuelles Alpes-de-Haute-Provence) nous en apprend beaucoup sur les droguistes-colporteurs. C’était généralement des chefs de famille qui occupaient une position honorable dans leur village. Jean-Charles Durand, par exemple, était greffier. Dans les archives datées du 20 juin 1728, il est question de son remplacement : « Jean-Charles Durand absent, étant en campagne pour vendre des drogues et d’autant qu’il ne sera pas ici de longtemps les consuls requièrent le conseil de promouvoir un autre greffier ». Les droguistes-colporteurs partaient souvent deux mois durant (octobre et novembre) pour proposer les herbes, les simples, patiemment cueillies, dans les villages environnants et à la célèbre foire de Beaucaire. Là, apothicaires et chirurgiens-barbiers se disputaient l’achat des herbes de la montagne de Lure, véritable apothicairerie à ciel ouvert. Bien qu’établis dans leur village, ils couraient le risque d’être considérés comme de vulgaires forains, des étrangers. Dès leur entrée au village, ils devaient payer pour « lever boutique » et obtenir un certificat avant de déballer les marchandises, faute de quoi elles étaient saisies.