En 150 ans, les saisons du mariage se sont inversées
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L’INSEE vient de publier une étude qui analyse plus d’un siècle et demi de saisonnalité des mariages, depuis 1856. Si en 2019, dernière année pour laquelle nous disposons des données, 60 % des 224 700 mariages célébrés en France l’ont été pendant la période estivale (entre juin et septembre), ce n’était pas du tout le cas en 1856 où février et novembre étaient les deux mois le plus propices aux unions.
Comme l’explique Sylvain Papon, responsable de la section Comptabilité démographique à l’Insee, « se marier en été est une habitude récente. Du milieu du XIXᵉ siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale, les mariages étaient les moins nombreux en mars, en août et en décembre. Le calendrier des unions était alors marqué par les temps religieux et agricoles. En effet, mars correspond en général au mois du carême, période pendant laquelle les mariages religieux catholiques étaient en principe interdits. Le nombre de mariages en mars était alors presque deux fois plus faible. Décembre correspond à un autre temps religieux, l’avent, période où les mariages religieux catholiques étaient également interdits. Entre 1856 et 1869, le nombre de mariages en décembre était inférieur de 40 % à ce qu’il aurait été s’il y avait eu chaque jour de l’année le même nombre de mariages. »
Ce constat issu de données statistiques nationales se vérifie aussi par nos généalogies où la plupart de nos ancêtres se mariaient autrefois dans les deux premiers mois de l’année, en janvier et février. Seules les familles urbaines n’étaient pas influencées par les restrictions de l’été puisque les travaux des champs ne les occupaient pas comme nos ancêtres ruraux : ils n’avaient ni moissons ni vendanges à faire ! En revanche, dans cette France si catholique d’hier, personne n’aurait osé enfreindre les règles de l’église qui régissaient l’ensemble de la vie et c’est pourquoi les mois de mai et décembre restaient des choix exceptionnels pour les mariages de nos ancêtres. En prenant l’exemple de ma base généalogique personnelle, sur un total de 14 196 unions, 3 260 ont eu lieu en février, soit près d’une sur quatre. Le mois de décembre est le plus bas et compte seulement 414 mariages, soit environ 3 %.
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Un autre facteur qui entrait en jeu autrefois concerne les travailleurs saisonniers qui quittaient leur village pour aller travailler ailleurs. C’est le cas par exemple des maçons de la Creuse qui portaient leur savoir-faire sur des chantiers de mars à novembre et n’étaient « au pays » que les mois d’hiver. Dans les corporations professionnelles migrantes de ce type, la saisonnalité des mariages était donc aussi réglée par des contingences calendaires évidentes.
C’est à partir de l’entre-deux-guerres que les mariages deviennent plus nombreux en avril et se raréfient en hiver. Après la Seconde Guerre mondiale, époque où le monde change pour devenir plus industriel qu’agricole, les unions durant l’été deviennent plus fréquentes. C’est également la démocratisation des congés payés qui se fait sentir. À partir du milieu des années 1970 et jusqu’à aujourd’hui, les mariages sont clairement synonymes de fête et privilégient la belle saison, entre juin et septembre.
Cette même étude de l’INSEE montre également que depuis 1968 les couples se marient en très grande majorité le samedi (82 % en 2019) alors qu’autrefois le mardi et le lundi étaient les jours de prédilection pour l’union de nos ancêtres. En conclusion, nos généalogies actuelles regorgent de mariages célébrés un mardi de février par le passé alors que dans quelques générations les samedis de juillet auront pris le pas !
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Liens utiles
- Se marier en été est une habitude récente : 150 ans de saisonnalité des mariages, Sylvain Papon, INSEE Focus, n° 225, 11 février 2021
- Les traditions du mariage
- Le divorce dans les archives
- Le mariage du 16e au 19e siècle, hors-série de La Revue française de Généalogie
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Commentaires
Cette chronique m’ a d’autant
Dire que les mariages étaient
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