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Sarah Bernhardt : une généalogie curieuse et bien à sa mesure

À tout seigneur, tout honneur : celle que l’on a successivement surnommée « la Voix d'or », « la Divine » ou « l'Impératrice du théâtre », dont on commémore aujourd’hui, 26 mars, le centenaire de la mort, a bien sûr son arbre en ligne sur Geneastar, arbre qui lui vaut actuellement 74 cousins.

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L'arbre généalogique de Sarah Bernhardt sur Geneastar lui vaut actuellement 74 cousins.
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Capture Geneastar

L'arbre généalogique de Sarah Bernhardt a longtemps défié les généalogistes comme les historiens et les biographes de celle pour qui Jean Cocteau avait inventé l’expression « monstre sacré », du fait que sa naissance était entourée de mystère. Un mystère entretenu par les documents officiels, puisque son acte de décès lui-même (accessible en un clic via Filae) la dit née à Paris le 25 septembre 1844, fille d’Édouard Bernhardt et de Judith Van Hart : autant de renseignements faux ! Le véritable état civil de Sara Marie Henriette est longtemps resté très flou : d’une part, du fait de la destruction de l‘état civil parisien lors des incendies de 1871 et d’autre part à cause du secret de l’identité de son père, à quoi s’ajoutait une certaine inclination de l'actrice à l’affabulation concernant sa vie personnelle, qui n’avait pas hésité, pour recevoir la Légion d’honneur, à produire un faux certificat de baptême.

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L'acte de décès de Sarah Bernhardt la dit née à Paris le 25 septembre 1844, fille d’Édouard Bernhardt et de Judith Van Hart : autant de renseignements faux !
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Capture Filae

Non seulement sa date et son lieu de naissance variaient selon les sources, mais sa filiation aussi, à commencer donc par l’identité du père. Et l’on peut dire qu’on lui a quasiment prêté autant d’amants (de Gustave Doré à Mounet-Sully, entre autres, en passant par Lucien Guitry, Victor Hugo et le prince de Galles, sans oublier le prince de Ligne, qui lui donna un fils) que de pères, avec ici, à côté de cet Édouard Bernhardt, qui semble n’avoir jamais existé, un officier de marine inconnu et le duc de Morny lui-même, demi-frère de Napoléon III.

De récentes découvertes, publiées en septembre dernier par Hélène-Claire Richard, de la Société historique des VIIIe et XVIIe arrondissements de Paris, ont enfin mis un terme à toutes ces supputations. D’abord, avec la découverte d’un dossier établi par l’actrice pour récupérer un petit héritage de sa grand-mère paternelle, dossier contenant la copie d'un extrait de naissance daté de 1857, et révélant la paternité d’un notable du Havre. Un dénommé François Viel, qui avait assuré l’éducation de sa fille chez des religieuses, mais que l’on avait préféré oublier, suite à son passage à la prison de sa ville, suite à des malversations financières.

La mère de la comédienne était en revanche nettement mieux connue, en la personne de Judith-Julie Bernhardt (1821-1876), dite Youle (diminutif de Youlie, prononciation allemande de Julie), une modiste sans le sou et courtisane parisienne, fille d'un couple de juifs, lui, marchand de spectacles itinérant hollandais. Des origines dont elle savait se montrer fière, répondant à l’un de ses détracteurs, au lendemain de Sedan : « Je suis Française, Monsieur, absolument Française. [...] Toute ma famille est originaire de la Hollande. Amsterdam est le berceau de mes modestes aïeux (…). Je suis une fille de la grande race juive, et mon langage un peu rude se ressent de nos pérégrinations forcées ».

Sa généalogie, aujourd’hui donc connue, sera consultable sur Geneastar, avec des compléments sur les branches inexplorées. La branche VEIL sera remontée grâce à l’acte de décès au Havre de l’ancêtre perruquier, acte facilement retrouvé, en vendémiaire an XI, grâce à Filae, et le disant né Elbeuf, fils de François (teinturier) et Marie Marguerite CORNU, d’où la suite, sur l’arbre déposé sur Geneanet par Bertrand Legrand et remontant sur sept générations à Elbeuf, Caudebec, Boos, Rouen… Grâce aussi à l’arbre déposé sur Geneanet par « Franck », quant aux origines du couple Courché/Gallais, lui menuisier et elle fileuse à Montivilliers issus de journaliers et laboureurs de Seine-Maritime (Rolleville, Ecuquetot, Manéglise, Hermeville, Les Trois-Pierres, Turetot, , Notre-Dame-du-Bec, Le Tilleul, Gerville, Saint-Vigor…).

De même, côté maternel, l’arbre de « evodb » proposera l’ascendance de Youle sur trente-sept générations, dispersées à travers l‘Europe entière, passant par Jetta WOLF qui serait fille naturelle de Sarah Ruben WOLF, avec ancêtres à Amsterdam, et conduisant par ailleurs jusqu’au VIe siècle avec les Kalonymus, famille de rabbins médiévaux originaire de Lucques, en Toscane.

Ajoutons à l’ascendance de Sarah Bernhardt sa descendance, avec son fils unique, le dramaturge Maurice Bernhardt, fruit de sa liaison avec le prince belge Henri de Ligne. Une descendance, présentée dans l’arbre en ligne de Jean-Daniel Blanc, que l’on découvrira non sans surprise se clipsant à celle de Georges Clemenceau, avec l’arrière-petite-fille de la comédienne, Emma Gross, qui épousa en 1931 Pierre Clémenceau, le propre petit-fils du Tigre. De quoi illustrer la fameuse devise de la célèbre aïeule : « quand même ! », qu’elle avait prise en référence à son audace et à son mépris des conventions, conventions auxquelles sa généalogie elle-même faisait un magistral pied de nez.

Commentaires

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  • Portrait de Gilles QUEDEVILLE

    Par son coté paternel en Seine Maritime, elle cousine avec Pierre BEREGOVOY, Alain BLONDEL, Guillaume CRAMOISAN, Olivier FREBOURG, Matis LOUVEL et Christophe ONO DIT BIOT. Gilles spécialiste des cousinages seino-marins

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