Un siècle avec le cancer du sein (1933-2034)

Trois questions à Marie-Lise Arestay

Après le diagnostic d’un cancer du sein, Marie-Lise Arestay, 55 ans, a entrepris une auto-formation à cette longue maladie, dont elle témoigne dans un ouvrage, avec la particularité d’interroger sa propre généalogie.

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Marie-Lise Arestay, auteur de "Un siècle avec le cancer du sein (1933-2034, trois femmes dans leurs époques, récits et analyses).

Qui êtes-vous ?

Je suis une femme de 55 ans, divorcée et mère de deux enfants, ayant un diplôme d’ingénieure agronome et accro à la randonnée. J’ai grandi en Haute-Loire, avec une partie de mes racines sur place, tout en ayant des ancêtres dans six départements. Je vis aujourd’hui en région parisienne, où j’ai fait ma carrière, en travaillant dans des sociétés de prestations de services et de formation pour les collectivités territoriales.

Durant le confinement, j’ai retrouvé des notes, prises autrefois sur les vies de mes grands-parents et arrière-grands-parents, sur lesquelles j’ai décidé de travailler et qui m’ont logiquement conduite à entreprendre de passionnantes recherches généalogiques, auxquelles je suis rapidement devenue addict.

Pourquoi ce livre ?

J’ai effectué ce travail, alors que j’étais entre deux emplois et en rémission d’un cancer du sein. J’avais alors ressenti le besoin d’établir une bucket list (ndlr : liste des choses à faire avant de mourir), avec les rêves et les projets que j’avais envie de réaliser, parmi lesquels ce livre.

Mes recherches m’avaient conduite à m’attacher au personnage de ma grand-mère paternelle, Marie Pauline, une simple paysanne, décédée très jeune – à 39 ans – en 1935, dont les causes de la mort restaient mal connues, la mémoire familiale évoquant tantôt une crise d’asthme, tantôt une blessure faite par un animal, qui lui avait provoqué une bosse au torse. Mon récent parcours personnel m’a évidemment fait m’interroger sur de possibles ganglions lymphatiques cancéreux, et les connaissances en génétique, que m’avait apportées ma formation d’ingénieure agronome, m’ont fait me demander s’il n’y avait pas une origine génétique.

J’ai exploré d’un oeil nouveau mon arbre généalogique, tout en travaillant sur le « temps long », pour observer les générations successives face à la problématique médicale de leur temps, avec trois temps forts : celui de mon aïeule, le mien, et celui de ma fille, qui a aujourd’hui vingt-six ans, qui a pu hériter de cette spécificité génétique. Elle va par ailleurs vivre dans le contexte de la transition écologique. Elle seule est susceptible de bénéficier d’une vraie prévention : mon livre illustre que la généalogie peut y avoir toute sa place.

Comment avez-vous travaillé ?

Je dirais que ce projet de livre n’a pas cessé d’incuber dans ma tête, durant les mois au cours desquels j’ai mené mes recherches généalogiques, que je complétais parallèlement par l’étude du monde dans lequel avaient vécu mes ancêtres et de leur vie quotidienne, que j’approchais dans l’Histoire de la France rurale. Peu à peu, le plan s’est dégagé, avec aussi et surtout la volonté d’écrire un livre qui me ressemble, imprégné de mes passions et centres d’intérêt : l’histoire, la génétique, l’écologie, la démocratie sanitaire. J’ai choisi d’alterner les récits de vie et les analyses, en le découpant en trois séquences : aujourd’hui, hier et demain. J’ai rédigé et ai commencé à chercher un éditeur pour finalement, devant les difficultés, me tourner vers la formule de la publication par auto-édition. J’ajouterai que j’ai décidé de le signer sous un pseudonyme : le nom de jeune-fille de la grand-mère de Marie-Pauline.