Ciajolo
Les incertitudes étymologiques et historiques qui règnent sur les patronymes issus de vieux surnoms germaniques laissent toujours planer une large part de mystère sur leur véritable origine. Cette énigme est d’autant plus grande que nous sommes en présence de dénominations qui nous font remonter quinze siècles en arrière. Souvenons-nous de la chute de l’Empire Romain, au milieu du Premier millénaire. À cette époque, chaque chef de guerre germanique portait un surnom spécifique, dans le cas qui nous intéresse, Ric-Hard (composé des racines ric, « riche » et hard, « dur », « fort »). Ce surnom originel avait donc un sens symbolique perdu au fil du temps quand il fut adopté par les familles gallo-romaines. La christianisation aidant ce nom est devenu un nom de baptême sous la forme Ric(h) iardus. À partir du XVe siècle, passé dans les usages, ce nom a pu être consigné sur les anciennes chartes et les registres, puis au XVIe siècle,
c’est au hasard d’un acte de baptême, de mariage ou de sépulture qu’il est devenu un nom de famille héréditaire, c’est-à-dire transmis par le père de génération en génération, sous la forme (Rich)ciardulli, Ciardullo (après aphérèse, perte de la première syllabe), puis sous la forme régionale Ciajolo. Fréquence et localisation : le patronyme Ciajolo est très rare France de nos jours, moins de 10 foyers. Il se montrait présent dans la Drôme à la fin du XIXe siècle, département auquel il faut ajouter le Cher et l’ensemble de la région Ilede-France à la fin du XXe siècle. Nous constatons qu’il y a toutes les chances pour que le patronyme Ciajolo soit « monophylétique » (du grec mono, « seul » et de phylum, « tribu »). Cette notion s’est appliquée en généalogie à un nom de famille – issu d’un seul individu – à souche unique. Plus un patronyme est rare, plus tous ses porteurs ont des chances d’être apparentés.