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La bibliothèque Gaston Saffroy s'envole aux enchères

En juillet 2020, la Revue française de généalogie l'annonçait avec tristesse, c'était la fin de la mythique librairie généalogique Gaston Saffroy, installée rue Clément dans le 6e arrondissement depuis 1932. Toute proche du marché Saint-Germain, l'institution avait vu se succéder depuis 1880, plusieurs générations de la famille Saffroy.

La librairie avait comme domaine de prédilection l'art héraldique, la noblesse, la généalogie, les ordres de chevalerie et les anciennes provinces de France. Elle était réputée pour ses catalogues, véritables références dont le premier avait édité en 1885 et ses ouvrages de documentation, dont la Bibliographie généalogique, héraldique et nobiliaire de la France de Gaston Saffroy.

Si les ouvrages "courants" ont été repris par un autre libraire, la collection personnelle de Gaston et Éliane Saffroy a été mise aux enchères ce mardi 25 mai 2021 chez Artcurial. Un peu plus de 400 lots ont été dispersés et la vente a vu s'envoler quelques estimations, car même si on compte 60 invendus, le total des enchères se monte à 548.637 euros avec les frais. 

Certes, les records de prix ont été établis par des lots qui avaient peu de rapport avec l'activité de la maison Saffroy, comme un manuscrit de Georges Brassens à 26.000 euros et un conte des Mille et une nuits à 23.379 euros. Mais l'héraldique et la généalogie montent rarement au delà de 10.000 euros : un exceptionnel armorial normand du XVIe siècle, légendé et aquarellé, estimé entre 3.000 et 3.500 euros, est parti à 14.300 euros. Un Armorial et nobiliaire de l’ancien duché de Savoie par le comte Amédée de Foras a trouvé preneur pour 10.110 euros. 

Les autres lots ont été estimés -et vendus- en dessous de cette barre symbolique. La monumentale et exceptionnelle collection d’ex-libris héraldiques du docteur Olivier, constituée d'environ 10.000 ex-libris armoriés originaux a été acquise dans les prix de son estimation à 8.450 euros. Un armorial des ordres militaires de 1669 a atteint les 7.540 euros. Un exceptionnel manuscrit comportant les armoiries de tous les chevaliers du Saint-Esprit ayant été confectionné vers 1660 pour le trésorier de l'Epargne Guénégaud est parti à 7540 euros. 

D'autres livres moins rares ont été acquis pour des sommes bien inférieures comme ce Menestrier, Le véritable Art du blason imprimé en 1659 parti pour 506 euros, ce lot d'ouvrages intéressants non par leur contenu (des discours grecs et latins) mais par leur belle reliure de la fin du XVIIIe siècle aux armes du comte de Breteuil pour 506 euros. Le prix le plus bas revenant à ce Dictionnaire des devises historiques et héraldiques d'Alphonse Chassant et Henri Tausin, difficilement acheté pour 51 euros, après plusieurs rappels du commissaire-priseur. 

Les grands classiques se sont disputés avec de belles enchères pour des ouvrages pas si rares que ça : le Père Anselme en 9 volumes, troisième édition est parti à 3.159 euros. Un Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou de Beauchet-Filleau estimé 600 euros s'est envolé à 2600 euros. Deux ouvrages du chevalier de Courcelles, son Armorial général de la Chambre des pairs de France et son Histoire généalogique et héraldique des Pairs de France sont partis respectivement à 885 et 1.137 euros.

Les Filiations bretonnes de Frotier de la Messelière estimées à 300 euros ont trouvé preneur à 885 euros. Enfin, le Grand armorial de France en 7 volumes de Jougla de Morena, estimé à 150 euros est parti à 948 euros. 

Tout cela montre que si l'héraldique et la généalogie échappent encore à la grande spéculation que l'on peut observer dans d'autres secteurs du marché de l'art, les prix montent quand même ! 

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