Musée national de l'histoire de l’immigration : une exposition permanente renouvelée

Installé dans l’enceinte du Palais de la Porte Dorée dans le XII^e arrondissement de la capitale, le Musée national de l'histoire de l’immigration a rouvert les portes de sa collection permanente après trois années de réaménagement.

C’est un parcours totalement revu articulé autour de 11 dates, qui servent de repères dans l’histoire de l’immigration en France, qui est maintenant proposé. Chronologique, il démarre en 1685 pour s’achever à l’époque actuelle, largement abordée.

Dans une optique volontairement didactique et pédagogique, le visiteur est saisi avant même d’accéder à l’espace d’exposition, par les mots clés colorés qui se détachent sur les murs. Ils représentent à eux seuls l’essentiel de ce que signifie l’immigration pour ceux qui la vivent : traversée, asile, nationalité, refuge, papiers, famille…

Dès le début du parcours également, les statistiques tirées notamment du très riche recensement de 1851 rappellent qu’aujourd’hui un tiers des Français sont issus de parents ou grands-parents immigrés.

Les visiteurs généalogistes et historiens qui ont l’habitude de travailler sur les familles d’origine étrangère retrouveront des notions familières. La mise en place d’un contrôle des étrangers, l’accès à la nationalité française, l’évolution de la législation sur la naturalisation, le rôle des étrangers dans les émeutes et conflits des XIX^e et XX^e siècles sont notamment abordés, toujours de manière à faire comprendre à tous l’essentiel de ces thèmes.

Pour faciliter l’appropriation de ces sujets par tous les visiteurs, le musée a mis en place de nombreux dispositifs vidéo et audio, ainsi que des cartels destinés aux enfants.

Les documents évoqués ou présentés, issus de nombreux fonds d’archives, sont là encore familiers à bien des généalogistes : lettre de naturalité, carte d’identité et dossier d’étranger, états ou listes nominatives… Des fac-similés de passeports intérieurs de l’étranger provenant des Archives de Saint-Brieuc font l’objet d’une scénographie originale.

Moins connus sans doute, des documents liés à la situation des esclaves tel un certificat pour un an émanant de la police des Noirs sont exposés. L’esclavage est d’ailleurs un sujet également largement abordé dans le parcours, faisant écho aux expositions temporaires présentées cet été en Normandie.

Au-delà de l’aspect historique général, des parcours individuels apportent la touche de concret indispensable lorsque l’on aborde le thème de l’immigration.

En fin de parcours, un film présente les témoignages d’enfants nés en France de parents venus d’ailleurs. Leurs paroles, leurs regards souvent remplis d’émotions en disent long sur les difficultés à vivre à notre époque encore ces histoires individuelles pourtant largement partagées.

La visite de la collection permanente aide à prendre conscience qu’être d’ici et d’ailleurs en même temps, loin d’être incompatible, est avant tout source d’enrichissement personnel et collectif. En témoignent les parcours de plusieurs étrangers venus vivre en France, leur apportant leur talent et leur savoir-faire à l’image de la famille Cassini hier ou plus récemment d’artistes comme Joséphine Baker et Pablo Picasso.

L’objectif est à la fois une remontée du cours de l’Histoire et une volonté de construction d’une histoire commune à ceux qui font aussi aujourd’hui la France.

Le Musée de l’immigration a toujours affiché sa volonté pédagogique et son souhait d’être accessible à tous. Il met donc à disposition à l’entrée de la salle deux livrets, l’un destiné aux enfants, l’autre aux personnes apprenant le français.

Inhabituel dans un musée, un studio de musique accessible sur demande permet même d’écouter plusieurs playlists thématiques dont les chansons racontent elles aussi l’immigration.

Le livre Une histoire de l’immigration en 100 objets récemment publié par le musée complète le parcours.