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Nous avons vu "Immigration est et sud-est asiatiques depuis 1860"

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Pierre Michaud, Quartier asiatique, 13e arrondissement de Paris, 1994.
Crédits
Gamma Rapho

Le musée de l'Histoire de l'Immigration, qui a récemment renouvelé le parcours de son exposition permanente, inaugure maintenant une exposition temporaire inédite à plus d’un titre : pour la première fois, elle raconte l’histoire méconnue de l’immigration en provenance de l’est et du sud-est asiatiques depuis 1860, notamment à travers des documents exceptionnels pour la généalogie de ces familles.

Aujourd’hui, environ 6 % de la population immigrée en France a des origines dans cette partie de l’Asie qui n’a pas été choisie par hasard : ses populations, provenant de huit pays, sont unies dans le regard stéréotypé posé sur elles en France.

L’année 1860 n’a pas non plus été choisie au hasard : elle marque le moment de la modification des relations entre la France et l’Asie à la fin de la seconde guerre de l’Opium qui opposa la France et la Grande-Bretagne à la Chine contrainte de s’ouvrir alors au commerce international. C’est aussi l’époque du début de la colonisation française en Cochinchine démarrée en 1862 et achevée en 1893.

À la faveur de ces événements, les relations entre cette partie de l’Asie et la France vont évoluer, tant à l’échelon politique – par l’arrivée des ambassades asiatiques, la participation aux expositions universelles entre 1867 et 1900 - qu’à celui des populations. Ce dernier aspect met en lumière l’« engagisme », également évoqué dans les expositions récentes sur l’esclavage. Procédé d’engagement des travailleurs qui s’est développé avec l’abolition de l’esclavage, il a donné lieu à la production de documents, conservés notamment aux Archives nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence (Anom) dont des exemples sont présentés à l’exposition, tel un livret d’engagement d’un travailleur chinois.

L’exposition s’articule en cinq parties chronologiques de 1860 à nos jours permettant d’aborder notamment aussi l’implication des soldats asiatiques dans les deux guerres mondiales et les conséquences de la décolonisation sur l’immigration, sujets qui ont tous deux généré des archives.

Du point de vue généalogique, on retiendra particulièrement les objets et documents, témoins des parcours individuels qui enrichissent la présentation de l’histoire générale. Provenant des familles sollicitées à l’occasion de l’organisation de cette exposition, ils faisaient partie de leurs papiers personnels.

L’exposition révèle aussi des sources publiques largement méconnues comme les archives de l’Institut franco-chinois de Lyon créé en 1927 pour préparer les étudiants à intégrer les universités françaises. Conservées au sein du fonds chinois à la bibliothèque municipale de la ville, ses archives sont d’une richesse étonnante : bulletin d’identité d’un étudiant donnant la filiation, registre d’inscription, tous accompagnés d’une photographie d’identité…

D’autres institutions détentrices d’archives sur ces populations sont évoquées à travers quelques documents issus de leurs fonds : le musée historique de l’Amitié franco-chinoise de Montargis, le Secours catholique dont la délégation de l’Isère détient un cahier de 1990 absolument exceptionnel par les informations qu’il fournit puisqu’il donne la composition des familles accueillies au centre de réfugiés de Cognin-les-Gorges, avec dates, lieux et liens de parenté. Un recensement à la hauteur des rêves de tout généalogiste !

La richesse des fonds des Anom est rappelée par quelques documents comme les fiches de renseignements individuels émanant de la Sûreté générale et issues des fonds du Gouvernement général de l’Indochine.

Clin d’œil généalogique, une exposition parallèle et complémentaire intitulée "J’ai une famille" réunit les œuvres de 10 artistes de l’Avant-garde chinoise installés en France. Son objet est de montrer comment ils ont vécu l’immigration et combien les liens amicaux et familiaux, à travers des mariages, se sont tissés entre eux en France.

Ces deux expositions s’inscrivent dans un événement plus large, la Saison Asie, dont la programmation est disponible sur le site du musée de l'Histoire de l’Immigration.

Informations pratiques

"Immigration est et sud-est asiatiques depuis 1860" jusqu’au 18 février 2024.

Musée de l'Histoire de l'Immigration, Palais de la Porte Dorée, 293 avenue Daumesnil, Paris XIIe

Métro Porte Dorée (ligne 8), Tramway Ligne T3, Bus 46 et 201, Station Vélib Station Porte Dorée

Ouvert du mardi au vendredi de 10 h à 17 h 30, samedi et dimanche de 10 h à 19 h

Site dédié à la nouvelle exposition permanente : www.histoire-immigration.fr/immigrations-est-et-sud-est-asiatiques-depuis-1860

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