Moille
Ce patronyme fait partie de ces noms dont l’origine fleure bon la Doulce France. Remontons le temps : afin de différencier les hommes qui n’avaient jusqu’au XIIIe siècle qu’un nom de baptême, on a pris l’habitude de désigner le noble comme le roturier, le chevalier comme le simple paysan par le nom de sa terre d’origine. C’est ainsi que le Moyen Âge a vu se développer le surnom de « Moille », « l’homme qui était originaire d’un lieu-dit “Moile”, la parcelle de terre autrefois caractérisée par une forte humidité »… de l’ancien français moiller issu du latin tardif molliare, « amollir (le pain) en le trempant ». Au XVe siècle, ce surnom a pu être consigné sur les anciennes chartes et les registres des terriers (précurseurs du cadastre), puis à partir du XVIe siècle, c’est au hasard d’un acte de baptême, de mariage ou de sépulture qu’il est devenu un nom de famille héréditaire, c’est-à-dire transmis par le père de génération en génération. Autres pistes : une forme de l’ancien surnom évoquant le moilleron, « enduit fait avec la molee, pierre tendre » ; ou encore de moilleron, « sorte d’étoffe rustique », comme dans : « Six aunes de moilleron pour faire les robes aux deux filles servans les pauvres… » (XVIe siècle). Fréquence et localisation : le patronyme Moille compte 60 foyers en France de nos jours. Il se montrait déjà bien présent en Haute-Savoie, et dans une moindre mesure dans l’Ain, le Rhône à la fin du XIXe siècle, départements auxquels il faut ajouter la Meurthe-et-Moselle et l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin du XXe siècle. De toute évidence, le patronyme Moille doit être considéré comme « monophylétique » (du grec mono, « seul » et de phylum, « tribu »). Cette notion s’est appliquée en généalogie à un nom de famille – issu d’un seul individu - à souche unique. Plus un patronyme est rare, plus ses porteurs ont des chances d’être « cousins ».