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Frederik X, nouveau roi du Danemark, aux racines françaises

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Photo officiel du prince héritier, dans son uniforme de gala militaire, pour les 50 ans de son épouse, princesse héritière Mary, en février 2022.
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Hasse Nielsen

Hassan II s’était trompé. il avait prédit qu’en l’an 2000, il n’y aurait plus que cinq souverains sur terre : les rois de carreau, de cœur, de pique, de trèfle et la reine d’Angleterre. Or en 2024, plus de vingt monarchies subsistent, dont dix en Europe. Avec toutefois de grands changements, en ce que le panorama du Gotha s’est modifié, avec un ballet des grandes dynasties, représentées autrefois par les Holstein, tenant le Danemark, la Norvège et la Grèce, les Saxe-Cobourg-Gotha, assis sur les trônes d’Angleterre et de Belgique et les Capétiens/Robertiens, en Espagne et au Luxembourg.

Ainsi récemment, en la personne du roi Charles III, fils d’un prince de Grèce et arrière-petit-fils d’un roi de Danemark, les Holstein ont enlevé le trône d’Angleterre aux Saxe-Cobourg-Gotha, issus avec Elizabeth II du mari de la reine Victoria.

Mais voilà qu’aujourd’hui, les mêmes Holstein perdent leur royaume ancestral, avec l’abdication de la reine Margrethe II, pour voir arriver sur le trône son fils, le prince Frederik, prince de Danemark et comte de Monpezat et donc auteur d’une nouvelle dynastie, faisant son entrée dans le Gotha européen. Une famille que rien ne prédestinait à recevoir une couronne, comme il en avait été autrefois pour les Bonaparte ou les Bernadotte, descendants d’un tailleur d’habits de Pau, tout comme les Amsberg, famille de l’actuel roi des Pays-Bas, descendaient d’un modeste maître forgeron allemand du XVIIe siècle.

D’où viennent les Monpezat ?

Lorsque la reine Margrethe avait épousé, en 1967, Henri de Laborde de Monpezat, qu’elle avait rencontré à Londres, où il était secrétaire d’ambassade, elle avait été interviewée pour Point de Vue par Arnaud Chaffanjon auquel elle avait dit « lorsqu’on annonce un mariage dans les maisons royales, les généalogistes savent tout sur les deux familles. Cette fois-ci, vous allez partir à la découverte ! ». Elle ne pensait pas si bien dire…

Immédiatement, un passionné de généalogie s’était attelé à la tâche. Il se nommait Joseph Valynseele. Il s’était déjà fait remarqué par des publications sur plusieurs grandes familles et allait, avec ce travail, s’affirmer comme le maître en la matière, avec une publication, que l’on peut considérer comme un véritable modèle et qui, en 1975, marqua l’histoire de la généalogie en étant aussi en quelque sorte la première généalogie de star, avec généalogie ascendante et collatérale et recherche de cousinages surprenants.

Par ce travail, Valynseele a d’abord révéler l’histoire de cette famille, qu’il a montrée d’origine béarnaise et notable, issue d’un Jean de Laborde, jurat de Nay, au début du XVIIe siècle, dont les descendants avaient pris le nom d’une de leurs propriété, en devenant De Laborde de Monpezat. Il s’était attaché à reconstituer la descendance intégrale de deux frères, nés en 1743 et 1756. Les descendants de l’aîné, avaient rapidement pris l’ascenseur social, pour de laboureurs devenir négociants puis magistrats et donner un maire de Pau, avant de partir transformer leur essai en Indochine. Ceux du second s’étaient au contraire rapidement dissous dans l’anonymat des familles paysanne, avec de nombreux cultivateurs et artisans, et même un fort des halles. Tous, avaient vu leur nom réduit à Monpezat ou Mompezat et si les descendants de l’aîné avaient fait dès le second Empire des démarches pour retrouver le nom ancestral, un descendant du cadet, officier de police, qui n’avait eu connaissance de ses origines qu’à la faveur des travaux de Valynseele, avait demandé, en 1969, et obtenu lui aussi de le reprendre, malgré l’opposition active de ses cousins, que cette homonymie dérangeait. Cela dit, Valynseele avait au passage clairement démontré que si la famille avait obtenu, en 1655, l’anoblissement de ses terres, elle n’avait pas été pour autant anoblie et n’avait jamais eu l’occasion de se faire reconnaître comme telle, d’où son absence de la célèbre Association de la Noblesse Française (voir à ces sujets le bon article de Wikipédia).

Valynseele avait également exploré les autres quartiers généalogiques du futur prince consort, avec des ancêtres laboureurs, tisserands, facteur, ferblantier, marchands de clous, d’ardoises, de moutons, meuniers, tailleurs d’habits… et même un arrière-grand-père chaisier. Avec évidemment une foule de cousins aussi obscurs que modestes, à l’exception de la branche de la grand-mère paternelle, née Hallberg, descendante à la fois de pasteurs allemands et de plusieurs familles françaises notables, quartiers par lesquels Henri de Monpezat cousinait avec De Gaulle, Goethe, Grace de Monaco et même… avec sa royale épouse, descendant comme lui du comte Ulric V de Wurtemberg, né en 1413.

Depuis cette publication, les généalogistes sont évidemment allés plus loin, complétant les branches collatérales et ajoutant aussi quelques générations à la lignée patrilinéaire, en remontant, via des seigneurs d’Ibos jusqu’à un Jean de Laborde, né vers 1470. Des données nouvelles, disponibles tant sur l’arbre déposé par Jacques Chanis sur Geneastar et qui vaut – pour l’instant – au nouveau roi 49 cousins, que sur ceux de Soren Wendt, de François Blondel ou sur la base Roglo. Des arbres qui montrent le nouveau roi descendant par ses ancêtres paternels – et par la branche Vernhes – de Philippe III le Hardi et donc de Saint-Louis… et de Mahomet, et ayant ses racines en Allemagne et très majoritairement en France, où elles sont concentrées en Occitanie, d’abord dans les Pyrénées-Atlantiques et en Dordogne, mais aussi dans le Lot, la Corrèze, la Haute-Vienne, l’Aveyron et les Hautes-Pyrénées.

Aujourd’hui donc, les cartes du Gotha européen sont rebattues, puisque sur les dix familles régnantes d’Europe, la moitié sont de souche française, avec à côté des Capétiens, régnant en Espagne et au Luxembourg, les Polignac, à Monaco, les Bernadotte, en Suède, et donc désormais les Monpezat, au Danemark. Mais ce n’est là qu’une étape, en ce que les changements dynastiques vont devenir de plus en plus fréquents, puisqu’au moins quatre des couronnes sont appelées à passer à des filles, avec celles de Belgique, d’Espagne, de Suède et des Pays-Bas – royaume qui devrait donc ainsi connaître un cinquième changement dynastique.

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Généalogie de Henri de Laborde de Monpezat, père du nouveau roi du Danemark Frederik X, que la reine Margrethe avait rencontré à Londres, où il était secrétaire d’ambassade, avant de l'épouser avait épousé en 1967.
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Capture Geneastar

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