La passionnante généalogie de Napoléon
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Débarqué sur la scène politique comme un aventurier, Napoléon Bonaparte était au surplus originaire d’une île lointaine, dont beaucoup ignoraient alors carrément l’existence. De quoi laisser libre cours, lorsqu’il devint empereur, aux hypothèses les plus fantaisistes quant à ses origines, avec le plus souvent le but à peine déguisé de conférer à sa famille un semblant d’ancienneté, sinon de légitimité. Avec ici encore l’inévitable réflexe de tenter de rattacher cette nouvelle dynasties aux dynasties précédentes.
Ainsi, plusieurs érudits arrivèrent à voir dans les Bonaparte des descendants, tantôt des empereurs byzantins, tantôt d’Hugues Capet, tantôt encore de grands féodaux de l’époque de Charlemagne qui se seraient fixés en Italie. D’autres allèrent jusqu’à les dire issus de la gens Julia, autrement dit de la famille de Jules César. Plus fort encore : un généalogiste alla jusqu’à voir en eux les rois de France légitimes, en faisant de Louis XVI un usurpateur, pour voir dans Napoléon le descendant de l’énigmatique homme au Masque de fer, qui aurait bien sûr été un frère jumeau – et aîné – du roi Soleil.
Pour Napoléon, la coupe étant ce jour-là pleine, il fit insérer dans la presse la note suivante : « on a mis dans les journaux une généalogie aussi ridicule que plate de la maison Bonaparte. Ces recherches sont bien puériles. À tous ceux qui demanderaient de quel temps date la maison Bonaparte, la réponse est bien simple : elle date du 18 brumaire ».
En effet, et comme le savait sans doute l’empereur lui-même, la réalité généalogique était beaucoup plus banale. Et bien facile à établir, à condition de commencer par consulter les archives d’Ajaccio, qui montraient clairement que les Buonaparte faisaient depuis longtemps partie de la petite bourgeoisie de la ville, où leur présence était attestée depuis le XVe siècle. Leurs premiers représentants y étaient notaires, avoués ou procureurs, notamment avec le notaire Geronimo Buonaparte, volontiers surnommé « Le magnifique », qualificatif qui n’était qu’une simple marque de respect et un signe de notabilité, donné alors à Ajaccio aussi bien à des bourgeois qu’à des artisans. On y trouvait ensuite un Sébastien Buonaparte, né vers 1605 et négociant en vins et graines, lequel était un ancêtre direct de Napoléon.
Pour remonter plus avant, il semble établi que les Buonaparte étaient arrivés à Ajaccio en 1486, lorsque les Génois avaient décidé de déplacer la ville en la reconstruisant un peu plus bas, pour en faire une citadelle imprenable. Les premiers Bonaparte fixés en Corse seraient alors venus de Sarzane, près de La Spezia, en Ligurie, où ils étaient notaires et faisaient figures de notables depuis 1245, tout en étant sans doute auparavant originaires du village voisin de San Stefano.
Le plus ancien ancêtre serait alors un certain Gianfaldo, qualifié de praticien et qui y vivait à la fin du XIIe siècle, dont le fils, Guglielmo « ditto Buonaparte » avait été l'auteur de plusieurs générations de notaires et de procureurs dans cette ville, dont un descendant, Giovani Buonaparte, était aller s’établir à Bastia en 1483, où lui avaient succédé son fils, Francesco, dit « Le maure de Sarzanne », mercenaire à la solde des Gènois, puis son petit-fils, Gabrieli, mercenaire à cheval. Au XVIe siècle, la famille était donc passée à Ajaccio. Sébastien Bonaparte (1603-1642), greffier de la commune d'Ajaccio et régulièrement qualifié de noble – noblesse confirmée à la famille à plusieurs reprises –sera l'arrière-arrière-arrière grand-père de Charles Bonaparte (1746-1785) conseiller du roi, reconnu noble après l'annexion de la Corse par Louis XV, qui épousa en 1764 Laetitia Ramolino. Le ménage aura treize enfants, dont huit survécurent, Napoléon étant le deuxième, après Joseph, le futur roi d'Espagne.
Deux mots du patronyme : un nom porté en fait au Moyen Âge par un grand nombre de familles de la péninsule italienne, en ce qu’il aurait servi, au XIIIe siècle, à caractériser les familles qui, dans la guerre qui avait opposé les Guelfes aux Gibelins, avaient pris le parti du pape, parti considéré comme le « bon parti » (buona parte). En notant enfin que si les grammairiens mettent le « s » du pluriel aux noms des familles souveraines « dont la gloire est ancienne », faisant écrire les Plantagenets, les Bourbons, les Guises, les Condés..., ils le refusent aux Bonaparte, impitoyablement « retoqués » car sans doute pas assez anciens à leurs yeux…
Pour plus de détails généalogiques, on pourra consulter l’excellent article de Wikipedia qui donnera aussi l’essentiel de la généalogie descendante de Charles et Letizia. Voir également l’article sur Napoléon Ier qui donnera une généalogie ascendante développée et sa descendance, à la fois légitime (le roi de Rome), adoptée (les enfants du premier lit de Joséphineavec le vicomte de Beauharnais) et illégitime, avec ses deux fils naturels (le comte Walewski, fils de Marie Waleswska, et le beaucoup plus obscur comte Léon, fils d’Éléonore Denuelle, dite de La Plaigne, lectrice de sa sœur Caroline qui, détestant Joséphine, voulait le pousser à la répudier en lui prouvantqu’il pouvait avoir des enfants).
On n’oubliera pas, bien sûr, le bel arbre en ligne de Napoléon Ier sur Geneastar qui le montre avoir (seulement !) quelque 170 cousins généalogistes et qui le fait entre autres descendre de Charlemagne et de Clovis, cela par la famille d’Este et l’épouse de Cesare Bonaparte, née Malaspina, aïeule de l’empereur à la génération 13.
On pourra également s‘intéresser à la généalogie de l’actuel chef de famille, en la personne du Prince Napoléon, que l’on découvrira quant à lui, dans son descendance sur Wikipedia, descendant des rois des Belges et, par les Bourbons-Sicile, de Louis XIV et des Capétiens !
Bref, voilà comme on dit « du pain sur la planche » et de quoi passer quelques nuits blanches de « surf généalogique »…
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