Bagard
Les incertitudes étymologiques et historiques qui règnent sur les patronymes issus de vieux surnoms germaniques laissent toujours planer une large part de mystère sur leur véritable origine. Cette énigme est d’autant plus grande que nous sommes en présence de dénominations qui nous font remonter quinze siècles en arrière. Souvenons-nous de la chute de l’Empire Romain, au milieu du Premier millénaire. À cette époque, chaque chef de guerre germanique portait un surnom spécifique, dans le cas qui nous intéresse, Baga-hard (composé des racines baga, « dispute » et hard, « dur », « fort ». Ce surnom originel avait donc un sens symbolique perdu au fil du temps quand il fut adopté par les familles gallo-romaines. La christianisation aidant, probablement latinisé en Bagardus, il est devenu un nom de baptême. À partir du XVe siècle, devenu usuel, il a pu être consigné sur les anciennes chartes et les registres des terriers (précurseurs du cadastre), puis au XVIe siècle, c’est au hasard d’un acte de baptême, de mariage ou de sépulture qu’il est devenu un nom de famille héréditaire, c’est-à-dire transmis par le père de génération en génération, sous la forme Bagard. Fréquence et localisation : le patronyme Bagard compte 270 foyers en France de nos jours. Il se montrait déjà bien présent en Meurthe-et-Moselle, dans les Vosges à la fin du XIXe siècle, départements auxquels il faut ajouter la Moselle, le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône et l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin du XXe siècle. De toute évidence le patronyme Bagard doit être considéré comme faiblement polyphylétique : du grec poly, « plusieurs » et de phylum, « race », « tribu ». Cette notion s’applique à un nom de famille qui s’est développé au travers des siècles à partir de deux ou trois souches distinctes. Patronyme proche : Bagart, très rare en France, moins de 10 foyers ; de Bagarre, également très rare, présent en Provence.