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La généalogie de François Bayrou

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François Bayrou en meeting en 2007 à Toulouse.
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Guillaume Paumier

Notre nouveau Premier ministre, que l’on doit dire passionné d’histoire et fervent admirateur d’Henri IV – lequel avait grandi au château de Coarraze, à deux kilomètres de sa maison natale et dont il a rédigé une biographie – ne peut qu’être fidèle à la très intéressante histoire de sa famille.

On trouve à François Bayrou un bel arbre généalogique sur Geneastar qui mérite les commentaires suivants.

Cet arbre ne lui vaut – à ce jour – que 5 cousins sur Geneanet, une misère, par rapport au records d’Emmanuel Macron (270), d’Édouard Philippe (154) ou de Gabriel Attal (139), mais il est vrai que Michel Barnier, n’en compte que six, et n’en a gagné que deux depuis sa nomination, en souhaitant ici à François Bayrou de voir le nombre des siens augmenter, en restant pour cela longtemps en place… Ce nombre réduit de cousins généalogistes va de pair avec l’absence de cousins célèbres, sauf peut-être – il faudrait creuser – avec l’acteur Jean Dujardin qui a comme lui des racines dans la même commune d’Angais, une situation qui s’explique par la grande concentration de ses racines.

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Généalogie de François Bayrou sur Geneastar.
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Capture Geneastar

Bayrou : fréquence et signification du nom

BAYROU est un patronyme rare, porté par environ 70 foyers français, qui se rencontre à la fois dans les Pyrénées-Atlantiques et le Tarn-et-Garonne.

Autrefois Bairou ou Bayroo, il reste d’étymologie floue, sachant qu’en Béarn le « b » remplaçait souvent le « v », et qu’il peut donc venir de Vairou et « vairon » et aurait été le surnom d’un homme aux yeux vairons (dont l’iris est entouré d’un petit cercle blanc). À moins qu’il ne vienne de « bayroun », autre mot béarnais désignant une cuve, ou de « baylerou », désignant en Béarn le musicien ambulant...

Des racines concentrées dans trois départements

Issu en effet d’une famille profondément attachée à la terre, ses ancêtres sont peu dispersés. Ils sont localisées dans seulement trois départements et dans leur énorme majorité dans les seules Pyrénées-Atlantiques, dans un mouchoir de poche, aux environs de Pau – sans qu’il en ait pour autant dans la ville – et plus précisément à l’est (Sandets, Soumoulou, Sedzère, Espoey, Serres-Castet, Nousty, Ousse, Morlaas, jusqu’à Bordères, son village natal et de cœur, au sud-est). Un cas classique en Béarn, rappelant la généalogie de son contemporain Jean Lassalle. Cela, hormis une branchette conduisant dans le département limitrophe des Hautes-Pyrénées et une autre dans la Haute-Garonne proche (Cazaril-Tambourès, Boudrac…), par le sosa n° 28. En tous les cas, pas le moindre ancêtre irlandais, comme le voudrait une légende familiale.

Ces familles terriennes plutôt modestes, ne livrent aucun des « grands ancêtres » classiques, comme le si fréquent Louis Vi-le-Gros.

Ce sont des familles béarnaises, aux noms typiquement locaux, avec les si fréquents patronymes doubles, évoquant le régime successoral régional, comme les patronymes CASSOU-LAULHÈRE, MIQUEU-CAMY, POURTAU-PRINCE, BERGER-BENI… et d’autres, à commencer par les BAYROU eux-mêmes, qui ont un temps été BAYROU-CAZAILLET et devraient en réalité se nommer CAZAILLET. En effet, son sosa n° 258, Bernard BAYROU, vivant à Serres-Castet, avait marié en 1738 sa fille et héritière Jeanne, avec un cadet nommé Jean CAZAILLET (le sosa n° 128), qui avait repris l’oustal familial dont ses enfants avaient tout naturellement récupéré le nom.

Une succession de deuils tragiques

Au reste l’histoire des Bayrou a été écrite dans la douleur et passe par une suite de drames. Vers 1850, un ancêtre, cadet de la famille Bayrou, prénommé François, comme son célèbre descendant, partit comme garde-forestier à Bordères, à quelque vingt kilomètres au sud, aux confins du Béarn et de la Bigorre. Il sera un beau matin retrouvé mort en pleine forêt, ce qui fera conclure à un suicide, acte alors violemment condamné par la religion. Inflexible, le curé lui refusera les funérailles religieuses, ce qui jettera la honte sur la famille et ce ne sera que vingt ans plus tard que l’on apprendra la vérité, lorsqu’un mourant confessera être l’assassin du garde, qui l’avait surpris en train de braconner.

Mais avant ce dénouement, les enfants du présumé suicidé avaient eu du mal à se marier, son fils ne trouvant d’autre épouse que Marie BERGEZ-CAZABAN, une jeune femme doublement éprouvée. Fille d’un homme assassiné, à la foire de Nay, par des marchands espagnols, contre lesquels il avait gagné une forte somme au jeu, elle était par ailleurs la veuve, sans ressource, d’un de ces cadets qui s’en était allé chercher fortune en Amérique, où il avait trouvé la mort, dans le Golfe du Mexique.

Ce seront les fils de ce couple qui relèveront la famille : l’un, après être allé au séminaire et avoir renoncé à sa vocation, deviendra un érudit local et un membre de l’Action française – il osera même, lors d’élections, se présenter contre Léon Blum ; l’autre, le grand-père de François, homme autoritaire et volontaire, ajoutera à son métier d’agriculteur celui de marchand de grains, ce qui lui permettra d’acheter une dizaine d’hectares et de compter au nombre des notables du lieu, avec bientôt un fils polytechnicien, un autre colonel et une fille médecin dans la Légion, sans oublier un autre fils, lui aussi prénommé François, mort bébé en tombant dans le feu de la cheminée – un drame dont la grand-mère était morte de chagrin.

Calixte, l’aîné de cette fratrie, qui avait été choisi comme héritier, continuera l’exploitation. Cultivant maïs et haricots et élevant des vaches et chevaux, il épousera sur le tard – à plus de quarante ans – une orpheline, fille de maquignon, avant de devenir maire de Bordères et de s’aventurer aux élections cantonales. Un homme qui était à la fois « un roc » et « un poète », un passionné de littérature, labourant ses champs en récitant des vers et apprenant Victor Hugo à son fils en trayant les vaches… Un père dont la mort tragique – en tombant d’un char de foin – sera ressentie comme « injuste de brutalité » par son fils, François, alors déjà père et passant son agrégation. Il reprendra néanmoins la ferme, ajoutant ce deuil aux précédents, à ceux de ces deux François, le garde-chasse et le petit bébé, dont il porte le prénom. Un fils qui a souffert de bégaiement et savait que « l’on porte en soi les blessures des générations précédentes ».

Et terminons par une question ouverte : Emmanuel Macron, qui vient de nommer François Bayrou Premier ministre, a lui-même des ancêtres dans les Pyrénées-Atlantiques, par son sosa n° 28, Sylvain Arribet, valet de chambre à Bagnères-de-Bigorre mais natif de Bruges-Capbis-Mifaget, commune située à peine à dix kilomètres de Bordères, sans pour autant sembler avoir des ancêtres communs. De façon troublante, si tous deux ont des ancêtres CAMY, ils sont quant à eux plus éloignés (Louvie-Juzon, côté Macron, et Espéchède, côté Bayrou) et ceux de Bayrou perdent très tôt le CAMY, sans qu’on puisse le récupérer plus avant… Cousins ? Pas cousins ? À creuser ?

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