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La généalogie de Jacques Delors, entre Cantal et Corrèze

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Jacques Delors au Forum des progressistes européens en juin 2013.
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Philippe Grangeaud / Parti socialiste

Son article sur Wikipédia est bien peu bavard sur sa généalogie et ses origines familiales, limitées à ces quelques lignes : Jacques Lucien Jean Delors est le fils de Louis Delors, encaisseur à la Banque de France et catholique pratiquant, natif du Lonzac, en Corrèze, et de Jeanne Joséphine Rigal, née à Paris, d'extraction cantalienne. Un profil généalogique classique, pour les Parisiens originaires du Massif central, avec toutes les racines concentrées dans cette seule région et effectivement majoritairement partagées entre les deux départements annoncés : la Corrèze, pour les ancêtres paternels et le Cantal pour les ancêtres maternels, comme on peut le voir en explorant l’arbre généalogique disponible sur Geneastar, arbre qui, du fait de l’âge de l’ancien ministre et de cette faible dispersion géographique, ne lui vaut que 15 cousins…

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Généalogie de Jacques Delors sur Geneastar.
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Capture Geneastar

On y verra que la lignée patronymique s’arrête à un ancêtre marié en 1724 au Lonzac, aux abords du plateau de Millevaches, et porteur du curieux prénom de Mérigou, qui n’est en fait qu’un diminutif local du prénom Aymeric, mais dont on ignore la filiation. Un ancêtre venu d’ailleurs, mais en fait certainement de Donzenac, près de Brive, où l’on trouvait en effet un premier Mérigou Delort, né vers 1655, et sans doute son parrain en qualité d’oncle ou de grand-père : un homme né en 1655, qualifié tantôt de vigneron et tantôt de praticien. Surnommé « Catissou », il était lui-même fils d’un Pierre Delort, surnommé « Mittare » et petit-fils d’un troisième Mérigou, né vers 1600 (voir pour ces premières générations l’arbre mis en ligne sur Geneanet par Catherine Viot-Zaslavsky).

Au Lonzac donc, les Delors avaient au fil des générations mené la vie paisible et modeste des paysans d’autrefois, allant d’une métairie à l’autre, où l’on se transportait avec meubles et enfants, enfants le plus souvent nombreux. Un destin imperturbable, dont la Grande Guerre avait infléchi le cours. Mobilisé dès le début des hostilités, Louis Delors, le père de Jacques, avait été très grièvement blessé sur un champ de bataille, au point qu’un soldat allemand, chargé de l’achever lui avait, dans sa précipitation – ou sous le coup de l’émotion – tiré une balle dans le bras. Rentré donc au pays vivant, mais invalide, il avait été pris en charge par le ministère des Anciens combattants et s’était vu proposer un emploi de bureau, mais à Paris, très loin de l’exploitation familiale. Courageux et incapable de rester inactif, il l’avait accepté et était ainsi entré comme garçon de recettes à la Banque de France. Il y avait fait carrière et y avait fait entrer deux de ses frères plus jeunes, avant que son fils n’y entre également un jour à son tour. Jacques Delors avait, dit-on, rêvé d’être metteur en scène et de travailler dans le cinéma, mais ce père lui avait déclaré tout net : « la Banque de France, il n’y a rien de mieux » et en 1944, il y était donc entré comme stagiaire, sans imaginer qu’en 1973, Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances, le nommerait à son Conseil général (en même temps d’ailleurs que Raymond Barre). C’est à la Banque de France, qu’il devait faire la connaissance de sa future femme : Marie Lephaille, militante CFTC, une Basque, fille d’un couple de paysans venus travailler à Paris comme employés de maison, lui maître d’hôtel et elle cuisinière.

Origine du patronyme

Ce patronyme oscillait volontiers entre les formes Delor, Delors et Delort, toutes très répandues dans un quadrilatère ayant pour sommets Bordeaux, Limoges, Montpellier et Toulouse. Il était issu comme 95 % des patronymes de cette région d’un nom de lieu, avec de très nombreux hameaux, à l’origine de très nombreuses souches homonymes, tous forgés sur l’occitan ort, issu du latin hortus et désignant le jardin. Et avec ici sans doute le hameau de L’Hort, situé dans la commune voisine de Malemort, faisant aujourd’hui partie de la banlieue de Brive.

Côté paternel donc : la Corrèze, et que la Corrèze, avec d’abord et surtout le Lonzac et les communes proches, et avec cette ancienne société rurale locale assez perméable, permettant de trouver dans ses quartiers quelques ancêtres appartenant aux familles notables du lieu (MATERRE, LEYNIAT…), d’où les classiques ascendances nobles (voir ainsi l’arbre mis en ligne par Pierre-Raoul Bunisset)  ou encore avec la famille DE SOURIS DES PLANCHES, branche des seigneurs de LAVAUR de SAINTE-FORTUNADE (et par eux bien des familles de l’ancienne noblesse régionale : voir avec les BOUCHERON l’arbre de Cécile Lensen.

Côté maternel, essentiellement le Cantal – avec quelques incursions en Corrèze – par le couple des grands-parents, Bernard FLOTTE, petit domestique auvergnat devenu cocher à Paris, où il était décédé en 1932, après avoir divorcé de Marie Lucie FLOTTE (et racines dans ce que l’on nomme « La Châtaigneraie cantalienne », d’abord à Arnac et à Saint-Martin-Cantalès, puis à Laroquebrou...), mais aussi, beaucoup plus à l’est, aux confins de la Haute-Loire, avec les ancêtres du terrassier Benoît Flotte, à Saint-Didier-sur-Doulon. Des quartiers plus complets sur l’arbre en ligne de Jacques Chanis avec là aussi, pour ces ancêtres très modestes, quelques ascendances remarquables (jusqu’à l’incontournable roi Louis VI Le Gros : voir l’arbre de Charles Horny). À quoi l’on ajoutera le bel arbre de Lucien Saby, avec racines à Montclard, Frugières-le-Pin…

Côté parentés : on notera que se profile en Corrèze de très lointains cousinage avec Jacques Chirac (par une famille TRAIN, de Chamboulive et Saint Hilaire-du-Peyrou) et avec l’acteur Bernard Blier (par les MATERRE), alors que l’on peut découvrir à Jacques Delors, par la famille DE COMTE DE BEYSSAC, une parenté avec Gervoson, propriétaire de la marque Bonne-Maman.

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