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Secret Défense : un historien militaire poursuivi pour ses travaux sur la guerre d'Algérie

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Une importante proportion des fonds de la période 1940-1969 est classifiée, alors que ces archives ont pu dans le passé être communiquées sans délai en salle de lecture.
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Olivier Le Moal

La volonté du gouvernement de réformer le secret défense ne passe toujours pas auprès des archivistes, historiens et associations, même si le 22 avril dernier, on apprenait que l’article 14 du projet de loi sur le renseignement et la sécurité intérieure modifiant les règles d’accès aux archives était retiré, avant que le Conseil d’État ne donne son avis.

Depuis maintenant plus d'un an, l'accès aux documents tamponnés secret défense est interdit en application de l'IGI 1300, une instruction ministérielle qui contredit la loi sur les archives de 2008. Un historien militaire est d'ailleurs poursuivi depuis la fin 2019 pour violation du secret-défense, au sujet d’un simple document d’archive de la guerre d’Algérie, a révélé le journal Mediapart.

La procédure a été engagée juste avant que le gouvernement ne verrouille subitement les archives "secret défense". L'affaire de ce commandant de l'armée de terre, dénoncé par ses supérieurs, pourrait avoir été plus qu'une coïncidence et sans doute le déclencheur de cette crise, même si le ministère des Armées s'en défend.

Selon Mediapart, l'officier alors en poste au SHD à Vincennes était "mandaté par l’armée pour effectuer une thèse de doctorat universitaire, destinée à être publiée. Il a envoyé un courriel à sa hiérarchie militaire pour faire le point sur ses recherches, auquel il a joint un document tamponné « secret ». Il est visé par une enquête judiciaire pour « compromission du secret de la défense nationale », délit passible de cinq ans de prison". 

Toujours selon le journal, le document en question ne serait que des instructions très techniques données aux soldats français pour combattre dans les souterrains pendant la guerre d’Algérie, comme la façon de pénétrer dans une grotte occupée par des défenseurs, ou la manière de s’éclairer dans l’obscurité sans se faire repérer. 

L'obstination de l'armée à défendre ces secrets type Koh Lanta qui s'ajoute à celle de vouloir continuer à cacher la composition des menus de Pétain pendant la Grande guerre pourrait prêter à rire, si l'on ne soupçonnait pas le gouvernement de vouloir utiliser le Secret Défense pour taire aux historiens et chercheurs des agissements beaucoup plus graves des armées pendant la guerre d'Algérie. 

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