Lancelin
Les incertitudes étymologiques et historiques qui règnent sur les patronymes issus de vieux surnoms germaniques laissent toujours planer une large part de mystère sur leur véritable origine. Cette énigme est d’autant plus grande que nous sommes en présence de dénominations qui nous font remonter quinze siècles en arrière. Souvenons-nous de la chute de l’Empire Romain, au milieu du Premier millénaire. À cette époque, chaque chef de guerre germanique portait un surnom spécifique, en l’occurrence Ans-helm (composé des racines ans, « divinité païenne » et elm, « casque »). Ce surnom originel avait donc un sens symbolique qui s’est perdu au fil du temps quand il fut adopté par les familles gallo-romaines. La christianisation aidant, Ans-helm est devenu un nom de baptême. À partir du XVe
siècle, ce nom de baptême, latinité en Anselmus s’est transformé à son tour en patronyme héréditaire, c’est-à-dire transmis par le père de génération en génération, sous la forme Ancelin, puis sous la forme régionale Lancelin, « le fils du dénommé Ancelin ». Fréquence et localisation : le patronyme Lancelin compte 405 foyers en France de nos jours. Il se montrait déjà bien présent dans Nord, la Mayenne à la fin du XIXe siècle, départements auxquels il faut ajouter l’Aisne, l’Orne et l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin du XXe siècle. De toute évidence le patronyme Lancelin doit être considéré comme faiblement polyphylétique : du grec poly, « plusieurs » et de phylum, « race », « tribu ». Cette notion s’applique à un nom de famille qui s’est développé au travers des siècles à partir de deux ou trois souches distinctes. C’est le cas de la majeure partie des patronymes qui comptent plus de 300/500 foyers en France de nos jours. Signalons une dizaine de noms de lieux-dits « Lancelin » (Eure-et-Loire, Finistère, Savoie, Vienne, Gers) qui évoquent la présence ancienne de familles de ce nom en ces lieux.