Potier
Comment le nom de famille Potier est-il né ? Entre le Ve et le XIIIe siècle, chacun des habitants de notre pays portait un nom unique, son nom de baptême. À partir du XIIIe siècle, pour différencier les homonymes devenus trop nombreux, on a pu surnommer Potinus l’artisan qui tournait des pots de terre ou de métal, du germanique put, qui évoquait la rondeur (cf. l’adjectif « potelé »), de l’ancien français potier et de l’occitan potièr, comme dans : « Quiconques veut estre potiers d’estain a Paris, estyre le puet franchement, pour tant qu’il fasse bone oeuvre et loial. » À partir du XVe siècle, ce surnom, devenu usuel, a pu être consigné sur les anciennes chartes et les registres des terriers (précurseurs du cadastre), puis au XVIe siècle, c’est au hasard d’un acte de baptême, de mariage ou de sépulture qu’il est devenu un nom de famille héréditaire, c’est-à-dire transmis par le père de génération en génération.
Le Livre des Mestiers d’Étienne Boileau décrit les potiers de terre comme produisant de la vaisselle en terre même si les classes populaires utilisaient encore le plus souvent une vaisselle en bois très rustique ! Il s’agissait de brocs, cruches, d’aiguières, de marmites, de salières, poupées en terre, épais de toiture et de carreaux vernissés. À l’inverse, les classes aisées utilisaient des poteries d’étain. Pour devenir maître en poteries d’étain le compagnon devait confectionner au marteau une jatte ou un plat. À la fin du XVe siècle la communauté des potiers d’étain de Paris comptait 150 membres.
Fréquence et localisation : le patronyme Potier compte 3 540 foyers en France de nos jours. Il se montrait présent en Vendée, dans le Pas-de-Calais, le Nord à la fin du XIXe siècle, départements auxquels il faut ajouter la Loire-Atlantique, l’Ille-et-Vilaine et l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin du XXe siècle. Le patronyme Pottier compte 3 575 foyers en France de nos jours. Il se montrait présent dans le Nord, la Mayenne, la Sarthe, l’Orne à la fin du XIXe siècle, départements auxquels il faut ajouter l’Eure, le Pas-de-Calais et l’ensemble de la région Ile-de-France à la fin du XXe siècle.
Formes patronymiques proches, qui sont également d’anciens surnoms de potier : Pothier, 990 foyers en France, Rhône, Allier, Marne ; Pothet, 125 foyers en France, Vienne, Deux-Sèvres ; Potié, Potie, 190 foyers en France, Nord et dans une moindre mesure, Marne ; Pottié, 75 foyers en France, Nord ; Potez, 195 foyers en France, Pas-de-Calais, Somme, nom d’un important constructeur français d’avions avant la Seconde Guerre mondiale ; Potiez, 140 foyers en France, Nord, et dans une moindre mesure, Pas-de-Calais ; Pottez, 25 foyers en France, Pas-de-Calais, etc.
Noms de localités : La Poterie, Potelières (Gard) ; La Poterie (Côtes-d’Armor) ; La Potinière (Var) ; Pothières (Côtes d’Or) ; La Poterie-Mathieu (Maine-et-Loire), plus de nombreux hameaux et lieux-dits « où l’on fabriquait des pots de terre ». Cf. les patronymes : Poterie, 20 foyers en France, Manche ; Potterie, 45 foyers en France, Pas-de-Calais ; Potheret, 30 foyers en France, Saône-et-Loire, etc.
L’Europe des Potier : Töpfer, Hafner (Allemagne) ; Pottié, Potty, Pottiaux, de Potter... (Belgique et Pays-Bas) ; Pott, Potter (Angleterre), comme Harry Potter, héros de fiction de l’auteure britannique J. K. Rowling ; Alfaro (Espagne) ; Vesari (Italie) ; Tsoukalas (Grèce) ; Fazekas (Hongrie) ; Gontcharov (Russie), etc.